Violence sourde (1992 - 2016)        

J'ai choisi de chevaucher le tigre d'une vie intensive, à travers de multiples activités, géographies et cultures. Pendant 30 ans, à travers mes projets photographiques, j'ai observé et questionné l'absurdité et la violence sourde et invisible de la réalité postmoderne dans laquelle j'étais plongé.  Elles se retrouvent dans l'architecture brutaliste et dans le développement urbain des villes où je vivais (Paris, Shanghai), et des lieux emblématiques que j'ai visités, comme New-York, Tokyo ou New-Delhi. Comment trouver sa place et du sens dans des environnements aussi déshumanisés et désacralisés ? Il en résulte un sentiment d'isolement et d'anonymat au milieu d'un flot de passants, guidés vers on ne sait quoi, soumis à un contrôle imperceptible mais strict.





Brutalisme

Béton béton béton béton
Béton béton béton béton
Béton béton béton béton
Béton béton béton béton

Cubique monolithique atonal standardisé
Monolitique atonal standardisé cubique
Stantardisé atonal monolitique cubique
Atonal monolitique standardisé cubique









Quel tigre chevaucher ?
Dans cette ville
Il n’y a que des chats
Au poil terne
Et aux regards incrédules
Perdus dans l’hypnose
Des immeubles miroirs











Perdus dans la brume
Les docks anesthésiés par la nuit suivent leur propre trace
La neige tombe de lassitude,
En fumée blanche et obèse.
Nous longeons les usines de briques
Les grilles, les haut-fourneaux 
L’autoroute courbe
Les symboles et les fausses lumières
Une fuite dans une direction unique
Flots, cadences, 
Personne.








Next Exit
5km
No exit
La nuit sans focus
Autour du ring
Sans fin











Les marches ne s’usent pas
Ne transmettent plus
Par leur patiente patine
Les fardeaux et les joies
Les rêves et les pleurs














Les couleurs n’ont pas encore été inventées
Seule l’ombre
Apportent quelque gaieté
Une vie 
Atonale
Sans nuance
















La lumière peine à se frayer un chemin
Pourtant l’herbe pousse
Et laisse filtrer un bruit
Parfois











Les nuits laissent passer l’hiver
Les ponts plantés d’arbres solitaires
Passent,
Là-bas.





















Nos rêves
Ombres chinoises
Soufflées par un soleil 
Au midi défaillant








































Lignes Haute Tension
Tant d’espoirs
Anesthésiés
Par la brume parallèle
A l’horizon
Sans jamais atteindre
Le soleil








Prendre une route au hasard
Pourvu qu’elle ne ressemble à rien
Vide de maisons, des carrefours tristes,
Des herbes ternes et sauvages
Oubliées du vert
Juste un passage
Soufflée de poussière, livrée aux seuls camions
De temps à autre
Des murs, des détritus
Mémoire d’une fuite, d’un exil
Le bruit pour seule présence
Alternent les mouvements de lumière
Le ciel est trop blanc
Perspectives
Echangeurs tellement lointains
Un passant évasif
Sur un pont
Quelqu’un enfin ?
Nos reflets
Dans l’eau noire des canaux













Espoir


Il y avait dans le bleu du ciel
Un fragment de ce rêve
Que je n’ai jamais osé
Voler



 










In My Solitude




Seul au seuil d’une nuit sans songe
Révant au contour parfait
D’un cercle inconnu
J’ai vécu












J’ai marché dans la nuit
Non du pas de l’homme,
Celui qui vient,
Qui monte,
Pas de rapprochement,
De remonte-pente,
Pas d’une trajectoire au fond précise
Qui mène au cimetière
J’ai marché dans la nuit du seul pas qui tienne ;
Claudiquant aux bris de la lumière
Aux lueurs des premiers rais du jour,
Le pas du regard porte en lui ce que la vie porte en elle,
Libre d’aimer et d’oublier
Ivre d’envies.










































Mon ombre
Epouse les brins d’herbe
Racle la granularité rauque du mur
S’essouffle sous les nuages
Se dissout dans la nuit














Passers-by


Nowhere to move out
Nowhere to hang out
No alpha no omega
Spiralling in meaningless circles
Ringing loudness bells
Of solitude and haggard rushes
We are passers-by.

Thrown on a nearby pavement
Under clothless lights
We grip rusty rails of fallen ideas
And breathe fresh air in controlled purchases;
Our fulfilment lies in concrete
Our love in mirrors
We seek forgiveness in speed
and sins in cans.
We are all passers-by.

The night looks as bright as the day
The white shirts shed a misleading light
Shadows cross fearless
The sea cannot wash cities anymore
The old order is broken.
Who holds the dream
And the sacred fire on?

Blinded by a dust of power
Bonded by agreed mistakes
It’s hard to swim against the flow
Even to look at the source
Alone.
And we stand homeless in our crowdy dwellings.

O Passer-by
Look out at the cloud
And tell the Street we lie here
Obedient to its words.









Projets et séries réalisés entre 1992 et 2016, à New-York, Paris, Shanghai et en Chine.