Détachement
A ce moment de ma vie, je ressens le besoin de donner une orientation plus contemplative et spirituelle à mes projets. J'explore, cherche s'il existe un chemin vers une expérience intérieure, dans ce monde désacralisé. Dans des lieux symboliques et proches, la ville, les dunes, la forêt. Comment exprimer l'intangible et l'invisible, avec la poésie et la photographie? La lecture de poésie et de textes de différentes spiritualités est un point de départ. Je m’intéresse particulièrement à l’idée de Détachement, présent dans diverses traditions ou écoles de pensée.
Je ne connaissais pas le silence
Je l’ai apprivoisé.
Je l’avais vousoyé comme un ami lointain
Revenu par erreur d’une guerre incomprise
Il me semblait seul,
Exilé, inconnu.
Je l’ai dévisagé
Dans le reflux des vagues
Le lent retour de la neige
La senteur ocre et jouissive de la forêt
L’intimité du désert,
Sa chaleur obsédante, la rareté des mirages,
Infiniment délié, superposé,
Insinuation de l’horizon.
Une virgule s’est posée sur la vitre,
Une caresse se prolonge…
Je l’ai relu, aveuglé
Ebloui de rage par sa provocation
Page blanche
Qui refuse l’écriture pour ne pas connaitre et rester vierge
Libre de la découverte,
Offerte au possible.
Comment qui ne sait dire
Pourquoi qui ne sait faire,
Ses lettres m’ont apaisé.
Comme une goutte sur le sable
Éteint son plus fidèle écho
Il est venu me confondre avec la nuit,
M’ouvrir à ses mémoires,
Me couvrir de son abstinence qui purifie les rêves,
M’initier à la confiance de ses renaissances ;
Il m’a déminéralisé, patience inexorable,
Humilité et sagesse.
Sans attente ni regret,
Confiant dans le désintérêt du temps
J’ai parlé au silence,
Et il m’a répondu.
Tout est dense
Et construit
Même le désordre
Un piaulement
Et construit
Même le désordre
Un piaulement
Seul
Le vent ose défier
L’ombre de la dune
Seul
Le sable tutoie l’éternité
Pierre infiniment infimement
Le vent ose défier
L’ombre de la dune
Seul
Le sable tutoie l’éternité
Pierre infiniment infimement
Quelque temps quelque part
Quelques cris quelques regards
Quelque chemin quelque hasard
Quelque regret quelque retard
Quelque vent quelque pluie
Quelque mensonge et quelque oubli
Quelque sourire et quelque ennui Quelque lumière quelque bruit